Curieux mouvement - Mot-clé - Émotion
2023-01-02T21:26:13+01:00
Lucie Van de Moortel
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Dotclear
Acte de pesanteur - Pour "Jusqu'au Soir" de la Presque Compagnie
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2021-11-15T11:15:00+01:00
2021-11-15T14:21:54+01:00
Lucie
Spectatrice
Art
Danse
Désir
Femmes
force
Fête
Normandie
Plaisir
Presque Compagnie
révolte
Spectacle
vie
élan
Émotion
Épuisement
<p>« Ce souci permanent de la légèreté, cette trouille visqueuse d’être pris en flagrant délit de pesanteur » ( Lola Lafon, <em>Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce</em>). <br />
C’est là la grande force de Charlotte Rousseau : pas ce souci, pas cette trouille, pas de détours dans ses propos, ses actes artistiques.<br />
<br /></p> <p><img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/Jusqu_au_soir_presque_cie/_M5A9153___Arnaud_Bertereau_.JPG" alt="_M5A9153 © Arnaud Bertereau .JPG, nov. 2021" style="display:table; margin:0 auto;" title="_M5A9153 © Arnaud Bertereau .JPG, nov. 2021" />
©Arnaud Bertereau<br />
<br />
Si j’attends, si j’espère sortir d’un spectacle bouleversée, ce terme m'apparaît si faible pour évoquer mes sensations lors et à la sortie du spectacle <em>Jusqu’au Soir</em>. Et jusqu’à aujourd’hui encore.<br />
Ces corps, ces vies traumatisées m’ont glacée. Tendue jusqu’au bout des doigts refermés sur mon ventre, bouclier pour tenir, jusqu’au bout. Fausse protection.<br /><br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/Jusqu_au_soir_presque_cie/JUSQU_AU_SOIR_3_charlotteRousseauLD.jpeg" alt="JUSQU'AU SOIR 3©charlotteRousseauLD.jpeg, nov. 2021" style="display:table; margin:0 auto;" title="JUSQU'AU SOIR 3©charlotteRousseauLD.jpeg, nov. 2021" />
©Charlotte Rousseau<br /><br />
J’ai des flashs de ces corps. Ils chutent. Se relèvent. Chutent encore. Se révoltent. Comme ces pantins, jouets que l’on s’amuse à désarticuler par un coup de pression des pouces sur leur socle. Socle, base, a priori sur lequel on se fonde, sur lequel on croit pouvoir compter avant la chute. <br /><br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/Jusqu_au_soir_presque_cie/JAS_M5A9200___Arnaud_Bertereau_.JPG" alt="JAS_M5A9200 © Arnaud Bertereau .JPG, nov. 2021" style="display:table; margin:0 auto;" title="JAS_M5A9200 © Arnaud Bertereau .JPG, nov. 2021" />
©Arnaud Bertereau<br />
<br />
Et je revois leurs sourires dans leurs merveilleuses, terribles tentatives de danser, pour la joie splendide d'être et de se retrouver. Pour résister, surtout. Je revois la flamme, dans leurs yeux, dans leurs corps et sublimée par une interprète, une des femmes métamorphosée pour la survie. Une flamme, une femme puissante, vacillante…<br /><br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/Jusqu_au_soir_presque_cie/_M5A8725___Arnaud_Bertereau_.JPG" alt="_M5A8725 © Arnaud Bertereau .JPG, nov. 2021" style="display:table; margin:0 auto;" title="_M5A8725 © Arnaud Bertereau .JPG, nov. 2021" />
©Arnaud Bertereau<br /><br />
C'est un spectacle sur la solitude. Non sur l’amour. Sur l’abandon. Sur les liens. Sur la force, la rage oui et sur les faiblesses aussi. Non, les fragilités. <br /><br />
Alors tenir jusqu’au bout ? Oui mais quel bout ? Vers quel final ? Ce qu'on nous dit, nous envoie en pleine face, c’est qu’il n’y a pas de fin au traumas, pas de retour en arrière.<br />
Alors ?
<br />
Alors OUI, je danse encore. Mais OUI, je danse encore. Pour quoi ?<br />
<br />
Pour dire, mais vivre. Pour faire acte, et parfois, acte de pesanteur.<br /><br /></p>
<p>À relire (en lien, il me semble) : <a href="https://curieuxmouvement.tinad.fr/post/2020/10/13/Sans-contact%2C-la-chute">« sans contact, la chute »</a> & <a href="https://curieuxmouvement.tinad.fr/post/2021/05/26/Petite-ode-%C3%A0-la-f%C3%AAte%2C-ses-inattendus-et-ses-temps-perdus">Petite ode à la fête</a><br />
<br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/Jusqu_au_soir_presque_cie/JUSQU_AU_SOIR__charlotteRousseauLD.jpeg" alt="JUSQU'AU SOIR ©charlotteRousseauLD.jpeg, nov. 2021" style="display:table; margin:0 auto;" title="JUSQU'AU SOIR ©charlotteRousseauLD.jpeg, nov. 2021" />
©Charlotte Rousseau<br /><br />
<br />
<strong>DISTRIBUTION</strong><br />
<br />
Création musicale, visuelle et chorégraphie :<br />
Charlotte Rousseau<br />
<br />
Danseuses : Ambre Duband, Eléonore Guipouy, Tésia Peirat, Charlotte Rousseau, Jeanne Stuart.<br />
<br />
Régie : Hélène Lefrançois (lumières) Jérome Jeans (son)<br />
<br />
avec le soutien de Rémi Cassabé (résidence de création)<br />
<br /></p>
<p>Production : La Presque Compagnie<br />
<br />
Co-production et aide à la création : l'Etincelle, théâtre(s) de la ville de Rouen, le théâtre de l'Arsenal de Val de Reuil et la Maison de l'Université de Mont Saint Aignan.<br />
<br />
Avec le soutien du Ministère de la Culture / DRAC de Normandie, de la Région Normandie, du département de la Seine Maritime, de la Ville de Rouen et de l'ODIA Normandie.<br />
<br />
"JUSQU'AU SOIR" reçoit aussi le soutien de l'Etincelle, Théâtre(s) de la ville de Rouen, de 2 Angles à Flers, de l’Arsenal de Val de Reuil, du Théâtre le Rive Gauche de Saint-Etienne du Rouvray, du CNDC d’ANGERS, de la compagnie Beau Geste/Dominique Boivin (accueil studio dancing), de la MDU de Mont Saint Aignan, du Volapük de Tours et de l'ODIA office de diffusion de Normandie</p>
"EC(h)Os" Danser pour s'échapper du drame
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2021-10-04T16:07:00+02:00
2021-11-15T14:22:05+01:00
Lucie
Spectatrice
Art
Danse
danseuse
Désir
Femmes
Hybridité
Normandie
Performance
Plaisir
rencontre
Rêve
Sexe
Spectacle
élan
Émotion
Épuisement
<p>Le cou qui part en torsion, menton et oreille en tension, chacun tendu vers une épaule. Une contraction dans la cuisse, accompagné d’un mouvement en vague d’avant en arrière. La vague qui se dilue dans le reste du corps, passe par la fesse, les lombaires et s’échoue dans le sternum. Un rebond dans le ventre qui enfonce le nombril et le plaque dans les profondeurs abdominales. Un pied qui ébauche une demi-pointe et se redépose délicatement, talon enfoncé dans le sol.<br />
« EC(h)Os » - ses mouvements, ses énergies - traverse la scène et vient naître dans nos corps.</p> <p><img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/echos/.ECHOS_CLAUDE_BOISNARD__7_-small_m.png" alt="ECHOS CLAUDE BOISNARD (7)-small.png, oct. 2021" style="display:table; margin:0 auto;" title="ECHOS CLAUDE BOISNARD (7)-small.png, oct. 2021" />
©Claude Boisnard<br />
<br />
De la même manière qu’à la suite de "FACES pour Narcisses", de la même sensation, cette impression de perdre les images, de perdre le fil plus je m’y accroche. Noesis m’a replongée dans son rêve. <br />
Que reste-t-il alors ? Un Echo ?
<br />
<br />
Reste le sens, les sensations. L’écho d’une pulsion.
Ces chimères mènent une quête pour se libérer de l’écho, s’échapper du drame, retrouver la réalité, la jouissance du présent. Êtres hybrides, elles cherchent à fuir l’écho les captivant.
Et nous, nous demeurons dans leur Écho. Ça résonne, ça résonne et ça vibre. Une vibration qui circule entre elles, électrique et nous arrive et ne nous lâche plus.
<br />
<br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/echos/.ECHOS_CLAUDE_BOISNARD__3_-small_m.png" alt="ECHOS CLAUDE BOISNARD (3)-small.png, oct. 2021" style="display:table; margin:0 auto;" title="ECHOS CLAUDE BOISNARD (3)-small.png, oct. 2021" />
©Claude Boisnard
<br />
<br />
Vibrants, leurs corps qui résonnent en nous, leurs corps comme des sons. Résonnent sans raison, c’est-à-dire sans être raisonnable, mais avec les raisons les plus justes. Des raisons pour être en vie, être en chair, en muscle, en peau, en désir.
<br />
<br />
Leur sauvagerie est kinesthésique. Nous désirons libérer, à notre tour, une créature, la notre. Et alors nous fondre, nous complaire dans leur monde. En torsion, en contraction, en rebond.<br />
<br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/echos/.ECHOS_CLAUDE_BOISNARD__15_-small_m.png" alt="ECHOS CLAUDE BOISNARD (15)-small.png, oct. 2021" style="display:table; margin:0 auto;" title="ECHOS CLAUDE BOISNARD (15)-small.png, oct. 2021" />
©Claude Boisnard<br /><br />
EC(h)Os<br />
Rituel chorégraphique de réparation<br />
Compagnie NOESIS / Flora Pilet & Alexandre Le Petit<br /><br />
Conception : Flora Pilet<br />
Chorégraphie & Dramaturgie : Flora Pilet & Alexandre Le Petit<br />
Avec : Mélanie Giffard, Marie-Ananda Gilavert & Lara Gouix<br />
Création sonore : Alexandre le Petit<br />
Création lumière : Anne Palomeres<br />
<br />
Vu lors de "Morpho", festival de la Coopérative chorégraphique, le 24/09/2021 à Caen</p>
Tournez girouettes et vautours
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2020-12-31T15:51:00+01:00
2021-05-26T17:01:47+02:00
Lucie
Danseuse
Art
Danse
danseuse
definition
Femmes
immobilité
Littérature
Performance
Plaisir
Recherche
rencontre
Rêve
tourner
transe
élan
Émotion
<p>Les yeux au ciel, étourdie par la nuit, elle choisi sa place. Son pied gauche aimanté, enraciné sur un axe transversant son corps de la terre à la lune. Le pied droit démarre sa ronde et la toupie se met en marche.<br /></p>
<p>Elle stabilise, s'envole, accélère. Ses bras, dociles, suivent le mouvement, vivent puis l'emportent, la transportent. Elle tourne, girouette, s'enfouira-t-elle sous terre ? Où s'enfuira-t-elle ? <br /></p>
<p>Elle retrouve la spirale qu'elle avait oubliée.<br /></p>
<p>Il lui semble nécessaire de tourner. Parfois elle prend son temps, se déséquilibre, elle titube quelque peu. Et puis elle accélère, ses yeux ne regardent pas, ni moi ni le ciel. Un bras tendu, le buste légèrement arqué, elle se laisse aller en conscience. Je ne sais pas compter ses tours. Je ne sais pas dire où elle est, avec qui ? Je ne saisi pas ce qui se passe en elle, ce qui la remplie. J'ai lu ça, une "petite fille au bout du chemin" demander "de quoi tu es remplie ?"1*. <br />
Qu'est-ce qu'il y a dans le corps d'une danseuse ? d'une girouette ? <br /></p>
<p>Parfois elle s'arrête, en plein élan, dansante, immobile tourner encore.<br /></p>
<p>Je cherche. Comment tourner mes phrases ? Comment les tourner sans me détourner d'elle ? Écrire ? Décrire ? Inventer ?<br /></p>
<p>Elle tourne et je suis retournée, chamboulée, mise à l'envers. On dit "remettre à l'endroit". Par rapport à quoi ? Elle tourne et c'est moi qui ai le tournis. Dans un monde qui donne le vertige, tourner serait une issue ? - Tourne ! Encore ! Encore ! - Tourner pour se recentrer. Sans détour.<br /></p>
<p>Vous diriez que je tourne en rond. Peut-être vous auriez raison de le dire, c'est alors que j'aurais réussi à tourner, moi aussi.<br /></p>
<p>Mais encore, tourner comment ? Un saut dans le vide ? Une ivresse ? Un plongeon ? Un raz de marée ?
Tourne moi vers toi. Tourne toi, tourne sur toi, mais ne te retourne pas. Tourne toi vers toi. Ne t'en détourne pas.
Tu te contournes, je le vois. Vautour curieux tu t'arraches à la terre, tu ôtes avec force son emprise sur ta pesanteur.<br /><br />
Allez tourne, essaye, tente, teste, recommence, échoue, relève toi, tourne encore. Joue ton tour avec force.<br />
<br />
1*Lafon Lola, "Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce"<br />
<br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/.flou_ld_m.jpg" alt="flou ld.JPG, déc. 2020" style="display:table; margin:0 auto;" title="flou ld.JPG, déc. 2020" />
<br />
©Les éditions vagues<br />
<br /></p>
Journée Internationale de la Danse, ou la rétrospective de mon plongeon dans la danse, ou la naissance d'une curieuse petite bête
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2020-04-29T17:04:00+02:00
2020-10-13T12:20:14+02:00
Lucie
Danseuse
Art
créature
Danse
danseuse
Hybridité
Performance
Plaisir
technique
Virtuosité
Émotion
<p>En cette journée du 29 avril 2020, je regarde la pluie couler sur les carreaux.<br /><br />
Je suis chez moi, il pleut. Je suis chez moi, je ne danse pas. Pas vraiment. Je suis chez moi et pourtant je ne suis pas mélancolique.<br /></p> <p>Cette pluie je la trouve belle, elle m’apporte un sentiment de changement, de cet éternel soleil dont on ne peut profiter. Les gouttes qui glissent, doucement, et le bruit du vent.<br /><br />
Je ne suis pas mélancolique car cette journée me rappelle mon chemin parcouru ces dernières années. Ma participation de plus en plus intense au sein du Collectif Vecteur. Toutes mes rencontres autour de la danse. Ma première représentation sur une scène nationale. Mes premieres interventions artistiques auprès d’amateurs. La création, après 10 ans d’attente, d’un projet danse et littérature à partir des textes de Marguerite Duras. Une résidence aussi belle qu’intense au sein d’une nouvelle compagnie. Mes réveils à 4h du mat’ pour aller figurer la servante, la bourgeoise, la jeune délurée, la gente dame ou la fille de passage. Mes premiers budgets aussi. Et une belle victoire avec l’accès à l’intermittence. Je suis passée entre les gouttes pour y accéder juste à temps et aujourd’hui, j’espère que les mesures seront suffisantes pour me permettre d’y rester.<br />
<br />
Je ne suis pas une danseuse de performance technique et physique, et pourtant, aujourd’hui, j’ai réussi à faire le pont, pour la première fois, et j’en suis fière. Alors je vous le partage. C’est au moins à cela que le confinement m’aura servi dans mon métier : un peu plus de muscles, de souplesse et cette petite victoire...<br />
<br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/curieuse_bete.jpg" alt="curieuse bête.jpg, avr. 2020" /><br />
<br />
Cette petite bête à l'envers me plaît bien finalement et je compte bien ne pas la perdre, la garder et la faire évoluer. Pour qu'à travers la technique grandisse cette curieuse créature qui hantera encore longtemps mon appartement.</p>
Grimés, emplâtrés, difformes ? Humains ? Peut-être. Retour sur "May B" de Maguy Marin
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2019-12-05T12:22:00+01:00
2020-04-29T16:14:11+02:00
Lucie
Spectatrice
Art
Danse
Désir
Hybridité
Le Havre
Normandie
Plaisir
Rencontre
Sexe
Spectacle
Émotion
<p>Une plongée dans le noir. Un noir intense qui submerge des centaines de personnes que seule une salle de spectacle peut créer. Un noir qui dure comme dure celui de la nuit.</p> <p>Une musique nous prend un deuxième sens et accélère cette plongée dans une ambiance hors du temps. Aveugles et sourds à nos habitudes, ce moment s’éternise. Parfois je ferme les yeux pour déconnecter complètement. Par moment je les ouvre grand pour tenter de percer l’obscurité et voir ce qui se passe sur scène. Je les plisse enfin et dans cet état je crois percevoir des silhouettes. FINI.<br />
<br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/mayb/.MayB33_HerveDeroo_m.jpg" alt="MayB33©HerveDeroo.jpg, déc. 2019" /><br />
©HerveDeroo<br /><br />
Progressivement la scène s’illumine et ces silhouettes prennent corps. Un corps et dix corps. Dix corps immobiles, pas dix danseurs. Des corps pas droits, tordus pour la plupart, grimés, emplâtrés, difformes ? Humains ? Peut-être.
Je les compte encore. Souvent je les compterais. Pour m’assurer qu’ils sont toujours là ? Pour avoir un contrôle sur ce qu’ils sont ? Peut-être les deux et d’autres raisons encore. C’EST FINI.<br />
Nous les observons, et pourtant nous sommes gênés lorsqu’ils s’observent eux-même. Nous voyons la folie. Seule la folie explique pourquoi : leurs attitudes, façons de bouger, façons d’être et de se comporter. Nous les pensons loin de nous. Et pourtant c’est la vie, à l’état brut que nous avons face à nous. De la tendresse, de la force de groupe, de l’entre-aide, du combat, de la honte, du sexe, de l’égoïsme, de l’abandon. La vie et la mort ? Peut-être. <br />
ÇA VA FINIR.<br />
Certains le souhaitent : ennuyés, outrés ou choqués, certains partent. Ils ne supportent pas de ne pas avoir le contrôle. Ils ne supportent pas de ne pas voir quelque chose de BEAU (ou ce qui serait leur définition du beau). Ils ne supportent pas que cette vie dont ils ne veulent pas ne finissent pas. Peut-être. ÇA VA PEUT-ÊTRE FINIR.<br />
<br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/mayb/.MayB22_HerveDeroo_m.jpg" alt="MayB22©HerveDeroo.jpg, déc. 2019" title="MAY B - MAGUY MARIN" /><br />
©HerveDeroo<br /><br />
De corps nous voyons des personnes et des personnalités. Je vous laisse les découvrir car (pour sûr!) May B n’a pas fini de tourner et de nous retourner. <br />
<br />
<em>Retour sur May B de Maguy Marin. Pièce de 1981. Vue le 02/12/2019 au théâtre Le Volcan au Havre</em><br /><br />
Chorégraphie : Maguy Marin<br />
Lumière : Alexandre Béneteaud<br />
Costumes : Louise Marin<br />
Musiques originales : Franz Schubert, Gilles de Binche, Gavin Bryars<br />
Pièce pour 10 interprètes</p>
Du corps à l'homme. Retour sur ANECKXANDER d'Alexander Vantournhout et Bauke Lievens
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2019-03-19T16:18:00+01:00
2019-05-28T15:48:05+02:00
Lucie
Spectatrice
Art
Cirque
Danse
Hybridité
Normandie
Nudité
Performance
Virtuosité
Émotion
Épuisement
<p>D'abord du silence. Un plateau presque nu, assez froid. Un sol blanc et quelques accessoires posés dans les angles, sur des bords, laissés là.<br />
Et puis un homme, enfermé dans un costume juste un peu trop grand, qui déambule nonchalamment, sans but ?<br /></p> <p>Soudain un élan, une partie du tapis blanc s'envole devant l'homme et retombe au sol, avec le costume de l'homme.<br /><br />
La nudité entière, pure et simple, nous surprend. Le corps est là, avant l'homme, livré sans apparat aux regards des spectateurs. Une étrange solitude en émane. Il cherche à nous montrer sa difformité, et à la dissimuler.
<br /><br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/cirque_a_poil/1---Bart-Grietens.jpg" alt="1---Bart-Grietens.jpg" title="1---Bart-Grietens.jpg, mar. 2019" /><br />
<em>©Bart-Grietens</em><br />
<br />
Lentement, continuellement, le cou s'étire. L'acte est comique et accompagné de quelques rires dans la salle. Moi-même je ne peux empêcher l'image de la victoire de la Tortue dans sa course contre le Lièvre.<br />
<br />
Puis le corps se tord, chute, se disloque. Les membres se confondent, abandonnent leur utilité quotidienne et habituelle. On perd de nouveau l'homme.<br />
<br />
Un piano/synthétiseur en fond de scène, à jardin. L'homme accroupi, dos à nous, joue quelques notes mélancoliques. L'air se répète tandis que le corps entre dans un cycle de performances physiques, acrobatiques, redoutables.<br />
Au fur et à mesure le corps s'habille mais ne se couvre pas. Les pieds plantés par d'épaisses chaussures à plateformes, les mains supprimées par des gants de boxe et enfin le cou, le "neck", simplement orné par une collerette tout droit sortie de la Folie des grandeurs.<br />
Le corps a perdu ses appuis. Malgré tout <strong>l'homme virevolte, en douceur et en fracas</strong>.<br /><br />
<br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/cirque_a_poil/3---Bart-Grietens.jpg" alt="3---Bart-Grietens.jpg" title="3---Bart-Grietens.jpg, mar. 2019" /><br />
<em>©Bart-Grietens</em><br />
<br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/cirque_a_poil/2---Bart-Grietens.jpg" alt="2---Bart-Grietens.jpg" title="2---Bart-Grietens.jpg, mar. 2019" /><br />
<em>©Bart-Grietens</em><br />
<br />Les rires se font rare mais ressurgissent par instants, dédramatisant l'immense solitude. On se détache du corps et on perçoit alors l'homme et sa quête, sa lutte dans l'acceptation d'un corps. Où s’arrête le corps pour devenir vraiment l'homme ? <br /><br />
Le public, ému, gagne en empathie. S'attache-t-il simplement au corps ? À l'artiste ? Où à l'homme, inconnu jusqu'alors ?<br />
<br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/cirque_a_poil/4---Bart-Grietens.jpg" alt="4---Bart-Grietens.jpg" title="4---Bart-Grietens.jpg, mar. 2019" /><br />
<em>©Bart-Grietens</em><br /><br />
Et puis le cycle prend fin. Touché, d'un seul élan, le public applaudit à tout rompre et l'homme salue.<br />
Lentement, les événements s’enchaînent. Le silence se fait et l'homme range, les lumières s'allument et l'homme tournoie, du bruit en régie, des spectateurs qui se lèvent, des techniciens sur scène et l'homme qui reste là, nu, toujours. 10 minutes passent et la moitié de la salle s'est vidée. 20 minutes passent, toujours cette petite musique mélancolique. Que dois-je faire ? Le spectacle est terminé, et alors ? On applaudit et tout doit s'arrêter là ? En douceur et en fracas. <br />
Tant que je serai là, que nous serons tous là, l'homme devra rester là lui-aussi. Mais comment l'abandonner ? Beaucoup attendent qu'il tourne le dos pour ne pas partir face à lui. Lâcheté ou politesse ? D'autres tentent encore d'applaudir pour créer une fin, partir sur les codes connus, mais rien n'y fait. Il faudra donc s'y faire.<br />
Je ne veux pas le laisser là, seul à nouveau. Et, égoïstement, je ne veux pas rater la fin ! Quoi de plus frustrant que de rater la fin d'une histoire ? 30 minutes passent, nous sommes une dizaine. J'ai honte de rester, j'ai honte de partir. <br />
Je marche dans la rue et je pense toujours à l'homme, à ce corps, à cette solitude. Une semaine passe et je vois toujours l'homme tournoyer. L'histoire ne sera jamais finie. <br />
<br />
<img src="https://curieuxmouvement.tinad.fr/public/cirque_a_poil/5---Bart-Grietens.jpg" alt="5---Bart-Grietens.jpg" title="5---Bart-Grietens.jpg, mar. 2019" /><br />
<em>©Bart-Grietens</em><br />
<br />
<br />
<em>Vu au Théâtre des deux Rives, <a href="https://www.cdn-normandierouen.fr/aneckxander/">CDN de Rouen Normandie</a>, le 17-03-2019, dans le cadre de la journée "Cirque à Poil" et du Festival Spring.</em><br />
<br />
<em>Création Alexander Vantournhout et Bauke Lievens</em><br />
<em>avec Alexander Vantournhout</em><br />
<em>dramaturgie Bauke Lievens</em><br />
<em>aide à la dramaturgie Dries Douibi, Gerald Kurdian</em><br />
<em>regards extérieurs Geert Belpaeme, Anneleen Keppens, Lore Missine, Lili M. Rampre, Methinee Wongtrakoon</em><br />
<em>technique Tim Oelbrandt , Rinus Samyn</em><br />
<em>musique Arvo Pärt</em><br />
<em>costumes Nefeli Myrtidi, Anne Vereecke</em><br />
<em>photographies Bart Grietens</em><br />
<em>diffusion Frans Brood Productions</em><br />
<em>collaboration avec Bauke Lievens dans le cadre du projet de recherche Between being and imagining towards a methodology for artistic research in contemporary circus, financé par KASK School of Arts, Gand (BE).</em></p>